samedi 9 novembre 2013

Opérations sous faux drapeau : autres révélations


Merci à l'internaute qui nous a communiqué cette information.


Nous avons déjà évoqué un exemple d'opération sous faux drapeau reconnue par Rauf Denktash (http://actuchypre.blogspot.fr/2011/11/comment-mener-une-operation-sous-faux.html).

Autre révélation : en 2010, interrogé pour tout autre chose par la média turc Haberler, le général à la retraite Sabri Yirmibesoglu, de l'armée turque, avait laissé échapper  que le bureau des opérations spéciales de l'armée turque avait pu être amené à mener certaines opérations à Chypre pour "renforcer la résistance du peuple", comme par exemple "incendier une mosquée." (article du 23 septembre 2010 : http://www.haberturk.com/gundem/haber/554417-kibrista-cami-bile-yaktik)

Il est important de rappeler que dans les années 50 (1958-1960) et 60 (1963-1967), toutes les opérations de guérilla de la TMT* ont débuté ou ont été alimentés par des incidents de ce type (incendies, escarmouches, incidents isolés) attribués par les Turcs à des Chypriotes grecs pour justifier une soi-disant  "réaction défensive."

En 1963 ce sera des coups de feu échangés dans un quartier de Nicosie; en 1967, la réaction des forces du gouvernement chypriote à un barrage mis en place par la TMT sur une route essentielle, chaque incident entraînant à chaque fois le cycle infernal de la guérilla/contre-guérilla. 



*TMT: organisation séparatiste, favorable à la partition ethnique de Chypre, créée en 1958 par des officiers de l'armée turque, et équipée par l'armée turque. Principalement composée de Chypriotes turcs, elle ne cessera entre 1958 et 1974 (et notamment en 1958, 1963, 1964 et 1967) d'étendre les zones sous son contrôle, et d'en chasser les Chypriotes grecs. Elle sera combattue par le gouvernement chypriote lors d'opérations de contre-guérilla ciblées autour des zones contrôlées par la TMT.

mercredi 27 mars 2013

Economie : la Turquie veut donner le coup de grâce


La Turquie vient de signifier qu'elle cessait toute coopération avec la société italienne ENI pour le pipeline Samsun-Ceyhan.

Le motif : il est reproché à la société italienne de vouloir coopérer avec Chypre pour l'exploitation des hydrocarbures chypriotes.

Il s'agit d'asphyxier Nicosie.

Source : http://en.trend.az/capital/energy/2132639.html

La Turquie espère ainsi forcer Chypre à accepter les conditions d'Ankara, qui souhaite que le gaz chypriote passe exclusivement par la Turquie. Ce qui rendrait les Chypriotes totalement dépendants du robinet turc.

En ces temps difficiles pour l'économie chypriote, il est de temps de voir si l'Union européenne donnera à Chypre son appui diplomatique et politique, ou pas...

Les créanciers de Chypre auraient tout intéret à aider ce pays à exploiter ses hydrocarbures.

Le choix est simple : permettre aux Chypriotes de subvenir à leurs propres besoins via l'exploitation de ces richesses, ou rendre Chypre dépendante d'une aide européenne permanente suite aux coups portés à son économie...

Les pays de l'Union pourront-ils se plaindre d'aider Chypre financièrement pour les décennies à venir, alors qu'un appui politique et diplomatique très ferme aiderait Nicosie à se redresser?

Le ministre turc des affaires européennes, a ironiquement déclaré que  Chypre pourrait faire de la lire turque sa monnaie. Ce qui après tout, est une façon comme une autre de révéler les projets d'Ankara pour les Chypriotes grecs : en faire un satellite de la Turquie, sous son emprise militaire, politique et économique (Source :  http://www.hurriyetdailynews.com/turkey-favorable-if-greek-cyprus-wishes-to-switch-to-turkish-lira-eu-minister.aspx?PageID=238&NID=43503&NewsCatID=344 ).

Pendant ce temps, la société turque TPAO effectue des recherches d'hydrocarbures  dans la partie nord de Chypre, occupée par l'armée turque, en toute illégalité, sans l'assentiment du gouvernement chypriote (source : http://www.todayszaman.com/news-278643-.html).

Le prétexte

L'un des prétextes évoqués par la Turquie pour bloquer ces recherches, est qu'elles devraient "profiter aux Chypriotes turcs."

Un raisonnement qui ne tient pas :

- D'une part, la majorité des habitants de la zone occupée par l'armée turque ne sont pas des Chypriotes turcs, mais des colons de Turquie installés par Ankara à Chypre depuis 1975;

- D'autre part, si les leaders turcophiles de la zone occupée souhaitent profiter des richesses de la République de Chypre, il leur appartient d'en reconnaître l'existence.

Eux et la Turquie ne  reconnaissent même pas la République de Chypre, qu'ils qualifient "d'administration chypriote grecque," et refusent son nom constitutionnel. 

Or, depuis les projets de partition ethnique turcs et britanniques des années 1955 et suivantes, les séparatistes pro-turcs oeuvrent pour détacher la communauté minoritaire chypriote turque, de la majorité chypriote grecque. En 1960, lorsque l'indépendance de Chypre sera proclamée, ils maintiendront tout de même la milice séparatiste TMT, un mouvement de guérilla armé et encadré par des officiers turcs, qui constituera alors la force armée la mieux organisée et la plus puissante de l'île, mettant en coupe réglée des régions entières, en rébellion armée contre le gouvernement central de l'île de 1963 à 1974.

Rappelons qu'en 1963, les leaders séparatistes turcophiles se retiraient du Parlement chypriote pour ne plus y revenir. L'ONU qualifiera cette politique de "self-isolation  policy" (politique d'auto-isolation  : document ONU S/6426 paragraphe 106).

Ces mêmes forces oeuvrent aujourd'hui pour la légalisation de la partition ethnique.

Cette politique d'auto-isolation, de victimisation et de provocation, largement tournée vers les puissances étrangères à des fins de propagande, est donc une constante de la stratégie turque. Elle est extrêmement efficace, tant il est aisé de faire passer la majorité pour la partie égoïste "oppressant" la minorité.

Il ne faut pourtant pas manquer d'audace pour se plaindre de ne pas "profiter" des ressources d'un état qu'on ne reconnaît pas, et que l'on combat par les armes depuis 50 ans.

Une fois de plus c'est l'inversion des rôles qui prévaut.