mercredi 25 juin 2008

Petite chronologie de 2007 à juin 2008

Pour notre retour voici un petit aperçu, sous forme de chronologie, de la chronique du conflit chypriote.

Dans les faits néanmoins, et sur le fond, rien n’a changé.

Les faits marquants de l’actualité du conflit chypriote ces derniers mois peuvent être résumés ainsi.

Sur la plan stratégique :

- Le renouvellement des pressions turques sur l’Egypte et le Liban, afin d’empêcher l’application des accords conclus entre la République de Chypre et ces pays sur la délimitation des zones d’exploitation du pétrole et du gaz en Méditerranée orientale ; une affaire qui rappelle aussi, pour quelles raisons la Turquie considère que sa présence à Chypre revêt une importance stratégique…200 km séparent la côte chypriote de la côte libanaise. Le 17 janvier 2007, les deux pays ont signé un accord de délimitation, conformément aux règles du droit international. L’accord entre Chypre et l’Egypte date de 2005. Rappelons que ni la Turquie ni les leaders chypriotes turcs ne reconnaissent le gouvernement chypriote de la République de Chypre, contrairement à la communauté internationale et à l’Union européenne.

- L’accord de défense signé entre Chypre et la France du 28 février 2007.

Sur le plan des tentatives de résolution du conflit :

- La victoire aux élections présidentielles, le 24 février 2008, du chef du parti communiste chypriote (AKEL) Dimitris Christofias avec 53,36% des voix. D’abord favorable à l'inique plan ANNAN (voir notre article sur l'analyse du plan ANNAN : ici) Dimitris Christofias avait finalement appelé à voter contre, après s’être rendu compte que la « base » rejetait le plan, jugé contraire aux principes européens tels que peuvent les concevoir le citoyen lambda. Néanmoins, le fait que le parti communiste chypriote, paradoxalement, n’ait jamais lutté par les armes, ni contre la puissance coloniale britannique, ni contre la guérilla séparatiste turque des années 50 à 74, a su plaire tant à la Turquie qu’aux leaders chypriotes turcs qui n’ont pas vu d’un mauvais œil cette élection.

C'est un test pour Christofias : issu d'un parti dont les cadres accusent facilement leurs détracteurs de faire du "nationalisme", il devra prouver que ses critiques peuvent se transformer en solution, et en une solution qui ne serait pas que la simple légitimation de l'occupation du nord de Chypre, de la colonisation, et de la spoliation des personnes déplacées.

- L’ouverture de la rue Lidras, au centre de Nicosie entre les deux parties de la ville : une nouvelle ouverture pour permettre le pathétique ballet "touristique" des personnes déplacées : les Chypriotes grecs visitant leurs propres biens spoliés au nord, leurs églises souvent transformées de force par les Turcs en mosquées ou en hôtels (pour un exemple, voir : ici), leurs cimetières, le tout en simples touristes, avec le droit de voir, mais pas de "toucher", bref un peu comme au musée ; les Chypriotes turcs et les colons anatoliens en faisant leur commerce, ou passant travailler dans la partie contrôlée par le gouvernement.

- La déclaration commune du 23 mai 2008 par laquelle le Président chypriote et le leader de l'entité séparatiste du nord, Talat, ont réaffirmé qu’ils souhaitaient parvenir à une solution bi-zonale, bi-communautaire, débouchant sur un Etat constitué en fédération de deux Etats fédérés. A Chypre, certaines voix s’élèvent pour regretter qu’une fois de plus, des concessions ne soient annoncées à l'avance sans exiger de contrepartie pour les personnes déplacées et spoliées ; une critique également formulée lorsque, toujours sans contrepartie M. Christofias parla d’accepter le maintien d’environ 50.000 colons d’Anatolie en cas de règlement du conflit. L’erreur des dirigeants chypriotes depuis 34 ans (accepter des bases de discussion sous forme de concessions, mais sans exiger de contrepartie à ce niveau) se poursuit donc. Quand on connaît l’exemple yougoslave ou soviétique ou encore les déboires de la Belgique, il est vrai qu’une telle solution peut laisser songeur. Quid des terres du nord de Chypre, propriété, dans leur plus grande partie, des Chypriotes grecs spoliés en 1974-1975 ? Quid de la liberté d’établissement et des quotas ethniques d’installation autorisés par le plan ANNAN de 2003 ? De l'armée turque et de la défense de l'île, la Turquie étant toute proche? La question demeure ouverte. Depuis 1974, les Chypriotes se sont habitués à ce genre de déclaration communes qui ne débouchent sur aucune avancée concrète.

La solution la plus souhaitable ne devrait-elle pas être la restitution progressive des terres à leurs propriétaires, le tout sous administration européenne, solution proposée par le précédent président chypriote à la présidence hollandais de l’Union européenne pour le port de Famagouste ? La présidence hollandaise n’avait pas donné suite , par manque de vision et de courage politique…

- Le 5 juin le Président chypriote Christofias et le premier ministre britannique signaient un accord de coopération pour renforcer les relations entre le Royaume Uni et Chypre, et soulignaient que la solution au conflit devait reposer sur une entité souveraine internationalement reconnue et une seule citoyenneté, et que le Royaume-uni n’appuierait aucun pas vers la partition de l’île ni la reconnaissance d’une quelconque entité politique séparée sur l’île. Il s’agit là pour les Chypriotes, de tenter de contrebalancer le fort soutien que les Britanniques apportent habituellement à un certain nombre de thèses turques à Chypre (les Britanniques qui en paient pas les loyers de leurs base à Chypre depuis plusieurs décennies). Le tout alors que de plus en plus de retraités britanniques, dont un couple défendu par l’avocate de femme de Tony Blair, s’installent frauduleusement sur des propriétés chypriotes grecques spoliées du nord de Chypre, qui leur sont « vendues » par des Turcs. L'avenir dira si cet accord aura l'effet souhaité.

Néanmoins, ces événements des derniers mois n’ont pas dépassé le stade symbolique : la spoliation des propriétés des Chypriotes grecs (propriétaires spoliés de 80% des terres du nord de Chypre) se poursuit, leurs terres ne leur ont pas été restituée, le maintien de l'armée turque et des colons venus de Turquie (plus de 50% de la population du nord de Chypre, contre moins de 50% de Chypriotes turcs), l’immigration clandestine venue du tiers monde continue de passer par l’entité séparatiste du nord de Chypre...

Les leaders chypriotes turcs continuent de ne pas reconnaître la République de Chypre, ni son Président, qu’elles considèrent comme un simple leader de la communauté chypriote grecque et non comme le Président internationalement reconnu de son pays. Malgré le fait que des dizaines de milliers de Chypriotes turcs soient titulaires de passeports de la République de Chypre, les leaders chypriotes turcs voyagent de par le monde avec un passeport turc…


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